Allez-vous pouvoir lire cet article jusqu’au bout où allez-vous vous laisser déconcentrer par une notification Instagram ? En termes de neurosciences, les recherches sont encore balbutiantes et peinent à exposer concrètement les dangers de ce nouvel outil pour notre cerveau. L’addiction pointe le bout de son nez ? On vous explique comment reprendre le contrôle de votre téléphone, et de votre temps.
Vous reprendrez bien un peu de téléphone ?
En effet, vos outils sont formés pour vous rendre addicts. À l’instar d’un verre de Bourbon, d’un paquet de M&M’s ou d’une cigarette, il est difficile de s’arrêter après y avoir goûté. Il en va de même pour votre iPhone. En effet, tout est fait pour vous mener à l’addiction : couleurs attrayantes, divertissement en continu et design des applications.
Selon Tecmark, nous consultons notre téléphone jusqu’à 221 fois chaque jour. Le plus souvent, c’est même notre premier réflexe au réveil.
Certains parlent même de nomophobie, des camps de “desintox” pour lutter contre l’addiction ouvrent leurs portes en Chine.
L’addiction à votre téléphone nuit à votre productivité
Le smartphone a introduit dans nos vies de nouveaux automatismes. Ainsi, prendre en photo ses pâtes à la truffe plutôt que de les déguster, s’aider de Google Maps plutôt que de faire appel à son bon-sens. Filmer ses vacances plutôt que de les vivre, couper une discussion pour scroller Instagram est devenu banal. Enfin, interrompre une partie de Pictionary avec sa fille pour répondre à un mail est monnaie courante. Indéniablement, nos quotidiens doivent prendre en compte un nouveau facteur qui vient nous distraire : notre téléphone.
Vous avez du mal à lire un article en entier sans jeter un œil à votre écran ? Vous avez du mal à aller au bout d’une tâche sans vous déconcentrer ? Vous n’êtes pas seul.
“Is Google Making Us Stupid ?” “Est-ce que Google nous rend bêtes ?” (En juin 2018, dans la revue The Atlantic) de Nicolas Carr apporte un regard critique sur l’impact sur notre capacité de concentration.
Dans son livre, “Indistractable, how to control your attention and choose your life”, Nir Eyal (expert en “design comportemental) nous donne les clés pour comprendre les raisons qui nous poussent à aller à l’encontre de nos propres intérêts en procrastinant.
Addiction et économie de l’attention
“La distraction, c’est quoi ? Un manque d’attention habituel ou momentané aux choses dont on devrait normalement s’occuper, l’esprit étant absorbé par un autre objet.”
Celle-ci vient vous détourner de votre but. Nous volons de liens en liens, de pages en pages, d’articles en articles. Alors, quel intérêt pour les géants d’Internet ? Vous faire aller “de pub en pub” tout simplement.
Ainsi, plus vous ouvrez d’onglets, plus vous consultez de sites, plus vous scrollez votre fil d’actualité, plus les publicitaires peuvent vous nourrir de publicités. Plus les marques sont présentes, plus elles exploitent votre temps de cerveau disponible. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui : l’économie de l’attention.
Histoire de la peur de l’innovation
Ce discours pourrait en dégoûter plus d’un de notre compagnon de route de tous les jours : notre précieux téléphone. Pourtant, notons que les nouvelles technologies ont de tout temps, été critiquées.
Dans le Phèdre de Platon, Socrate déplorait l’arrivée de l’écriture. Selon lui, celle-ci allait altérer nos mémoires et nous rendre apathiques. De plus, il craignait l’affluence d’informations non vérifiées. (Avait-il anticipé les fakes news avant tout le monde ?)
D’une certaine façon, Socrate avait vu juste. Les nouvelles technologies peuvent avoir des effets redoutables sur la connaissance. Cependant, il ignorait alors les vertus de l’écriture. Aujourd’hui, son utilité est incontestable : diffusion de l’information, liberté de communiquer, des idées neuves, élargissement de la connaissance humaine et accès au savoir.
Au XVème siècle, une invention deviendra star, comme le fut le smartphone de Steve Jobs dans les 2000’s : l’imprimerie par Gutenberg. Pourtant, elle n’a pas fait l’unanimité. Hieronimo Squarciafico, humaniste italien, s’inquiétait d’une possibilité d’une “paresse intellectuelle”. Pour lui, obtenir des livres avec une si grande facilité encouragerait les hommes à devenir moins studieux. Pour d’autres, l’accessibilité des livres et journaux allait mener à toutes sortes de dérives et d’une forme de débauche.
Même si on ne peut pas nier le caractère visionnaire de ces détracteurs, ces prophètes d’une évolution apocalyptique de ces innovations oublient un détail. Malgré son lot de dérives potentielles, l’écriture et l’imprimerie ont dévoilé une infinité de bienfaits pour l’humanité.
Pas de digital détox, mais une utilisation plus saine de votre téléphone
Évidemment, renier les innovations serait donc une erreur. Le smartphone est installé, et est déjà reconnu comme étant, à tort ou à raison, le meilleur ami de l’Homme.
Ne vous méprenez pas, le smartphone n’est pas votre ennemi. Votre ennemi, c’est votre manière de l’utiliser.
Les distractions existeront toujours et vont évoluer. Il ne s’agit pas de prôner l’abstinence ou de bannir ses outils, mais de reprendre notre pouvoir sur eux. Et donc, de reprendre le contrôle sur son temps.
Addiction : des solutions pour reprendre le contrôle
- Au niveau professionnel, penser à établir des objectifs dans votre journée et établir un planning. Vous voulez geeker sur votre téléphone pendant une heure ? Intégrez cette heure de pause geek dans votre planning (après votre pause déjeuner par exemple). Résultat : cela évite de se couper en plein milieu d’une tâche car la tentation sera trop grande.
- Utiliser des applications pour vous couper des notifications et vous recentrer : Headspace, Forest ou encore Focus.
- Adopter le mode “ne pas déranger” de votre téléphone. Vous travaillez sur un dossier important ? Vos notifications Slack peuvent attendre une heure.
- Faîtes le tri dans vos applications mobiles. Comptez le nombre d’applications que vous n’avez pas utilisé ces deux dernières semaines : oops.
- Passer son smartphone en mode noir et blanc
- Proscrire les téléphones à table
- Ne pas se précipiter sur son téléphone en cas d’insomnie
- Enfin, pourquoi pas une promenade en forêt sans 4G de temps en temps ?
Bon, je vous laisse, j’ai huit notifications en attente.